Si la culture émancipe, elle peut aussi classer, discriminer. Publics exclus, éloignés, accès à la culture : les mots le disent. Il y a ceux à qui, dès l’enfance, on a confié les codes, et les autres qui ne sont ou ne se sentent pas concernés par les « politiques culturelles ». Pour ceux-là on a vu, dans les bibliothèques, deux axes stratégiques se développer. D’abord aller vers ceux qui ne poussent pas la porte, en mobilisant pour cela l’ensemble des partenaires associatifs. Puis créer l’atmosphère qui fait des bibliothèques ces troisièmes lieux dont on parle de plus en plus : entre le travail et la maison, des lieux conviviaux, chauds, où les espaces de recherche, de lecture, de travail et donc de calme jouxtent des espaces de convivialité, d’échanges, de jeux. On voit ainsi fleurir ici et là des ludothèques. Les bibliothèques font moins peur que les musées et les salles de spectacles. On en pousse souvent plus facilement les portes (40% de la population fréquente au moins une fois une bibliothèque chaque année). Elles peuvent donc se faire passeurs vers d’autres offres culturelles. Les initiatives en ce sens se multiplient : partenariats avec les conservatoires, les musées, mais aussi avec les librairies, les lieux de pratiques amateurs. Elles se font têtes de réseau culturel sur un bassin territorial. Peu à peu se cassent enfin les murs entre le patrimoine et la création et ce qu’on appelle, non sans un peu de mépris parfois, « les pratiques culturelles ».

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